HYp0STASIS
Huile noire monochrome sur toile,210x140cm, 2019/2020
Hypostases, mouvement en 6 toiles. Constructions visuelles et sonores
Toute construction n’est pas destinée à tenir.
Certaines trouvent leur aboutissement dans l’effondrement.
D’autres, complexes comme des villes, empruntent aux ruines des piliers mentaux qui serviront de structures à de nouveaux plis, avant l’effondrement partiel de leurs parts d’ombre.
Certains espaces sont d’une essence fondamentalement vide, rien ne peut les peupler. D’autres sont instables et ne gardent qu’une partie de la matière. D’autres encore se battent pour faire surface et volume, et tracent et creusent, enchevêtrés malgré eux dans les méandres de mouvements successifs qui les dépassent. Les toiles à la fois constructions et supports de constructions, piliers originaux portant les étages supérieurs, puis catacombes inaccessibles pour les niveaux plus récents, apparaissent dissociées dans le temps et dans la perception faussée que nous avons de l’espace châssé.
Chaque passage d’outil fonctionne comme un seuil de chaque côté duquel bascule le positionnement du monde. Une Kymé de l’avant à l’après, du sous au sur, de l’ajout à la suppression, du pli infini à son enveloppement dans les corps supposés les accueillir.
Telles de lointaines évocations mémorielles volontairement lacunaires, la série se fonde sur la pensée d’un en-dessous, d’un derrière de l’image, d’une hypostase, celle d’une origine où se matérialisent les constructions prises dans les trames diverses des points, celles qui de l’autre côté où nous n’accéderons pas, autorisent ainsi la naissance d’un récit.
De là née une tension créée par les espaces de condensation, là où le site a subit le plus de constructions stables, ce qui pourrait être comparé à un enregistrement sur support de plusieurs pistes, qui écoutées ensemble créaient un morceau complet. Chacune de ces anti-constructions, instables permettant à l’autre, de l’autre côté, la poursuite de ses déplacements prend ici la place d’une nouvelle hypostase, comme structure souterraine et âme de cette recherche. A ces refus d’images mentales figées dans l’huile, sur toile où sont mis en exergue les fondements d’un appareil plastique ayant pour structure les déplacements, les enregistrements, les effacements et la réinscription partielle.